Diagnostic TDAH : que faire après l’annonce ?
L’article en bref
Ce long article s’intéresse à l’après-diagnostic d’un TDAH lorsque l’on est adulte.
Il traite :
- de cette période si particulière de l’acceptation du diagnostic
- de cette opportunité qui s’ouvre alors pour mieux s’informer, se former et… sensibiliser les autres !
- de l’intérêt de s’entourer de professionnels médecins, psy et autres formés
- des droits et possibilités d’aménagements en entreprise
- des apprentissages possibles pour se faciliter la vie au quotidien

Phase 1 : intégrer émotionnellement le diagnostic !
Même si on s’y attend, obtenir un diagnostic médical exige d’en comprendre les résultats puis de les intégrer. La phase d’acceptation est délicate car souvent les diagnostics sont remis en cause par l’entourage alors même qu’ils ont demandé beaucoup d’efforts pour les mener jusqu’au bout et que nous-mêmes nous sont chahutés par ce constat.
La TDAH est reconnu par la MDPH comme un handicap. Cela ouvre des droits. Mais avant cela, c’est un choc psychologique pour soi car on n’est pas malade et bien souvent, si le diagnostic est tardif, on a construit sa vie avec ses dysfonctionnements et difficultés sans se considérer comme une personne en situation de handicap.
À lire aussi : Pourquoi est-il utile de se faire diagnostiquer de TDAH à l'âge adulte ?
Je recommande vivement d’entrer en contact avec des pair-aidants : ce sont des personnes qui ont vécu le même parcours et qui sauront réconforter, poser les bons mots, donner des informations sur les prises en charge possible, les nouvelles orientations à mettre en place dans sa vie. Leur empathie et bienveillance facilitent l’acceptation et la mise en place d’un traitement (ou pas médicamenteux )et d’une thérapie adaptée.
Phase 2 : s’informer, se former, informer
S’informer et se former est essentiel car le meilleur spécialiste de soi-même, c’est soi !
Et de trop nombreux professionnels et entourage jugent sans apporter de soutien, bien souvent par ignorance.
Se former permet à la personne de mieux se comprendre, d’apprendre à connaitre ses limites et son potentiel, de définir ses besoins réels d’aménagements puis d’adopter une posture de sachant qui va la protéger, l’aider à faire valoir ses droits et mieux communiquer aux autres ses besoins et attentes.
Souvent les adaptations à mettre en place, notamment dans l’enseignement supérieur et en entreprise sont minimes et peu couteuses mais indispensables pour la personne, pour son intégration dans l’équipe, pour l’efficacité du service. Je pense à ces enseignants qui font de l’inclusion depuis toujours en laissant plus de temps aux personnes qui écrivent plus lentement sans que pour autant un tiers temps soit mis en place. Je revois toutes les fois si utiles où un étudiant va expliquer les consignes du devoir à son camarade pour qu’il puisse démarrer son examen. En entreprise je me rappelle cette responsable RH qui avait bien compris que son meilleur commercial ne pouvait pas rester 1 heure en réunion sans s’énerver et qui avait fait en sorte de réduire le temps du point hebdomadaire à 40’ maximum…
Il existe d’excellents ouvrages comme Mieux vivre avec le TDAH à l’âge adulte de J. Russell RAMSAY et Anthony L. Rostain, Le TDAH au fémininin de Sari Solden et Michelle Frank, Surmonter le TDAH de l’âdulte de Régis Lopez et Audrey Roques. Ces livres apportent de nombreux outils que les personnes peuvent tester pour dompter leurs difficultés.
Je recommande toutefois de suivre une formation car rien ne remplace la densité des savoirs réunis dans une formation en ligne. Les meilleures transmissions restant celles en présentiel, surtout sur le sujet du TDAH car l’enseignant va mettre en application les concepts et techniques dispensés et les faisant expérimenter aux personnes.
L’important ensuite sera, avec patience et persévérance de s’appliquer avec rigueur et motivation ces nouvelles façons de s’écouter mais aussi de se canaliser, de s’auto-motiver vers son mieux-être, d’être en compréhension des autres et de soi-même, de savoir quand et quoi demander plutôt que se sur-adapter tout le temps dans le respect de soi et des autres.
Phase 3 : faire alliance avec des thérapeutes spécialisés
Les personnes diagnostiquées tardivement ont déjà développé des systèmes de compensation et savent gérer beaucoup de leurs difficultés. Mais si elles ont été vers un diagnostic, c’est qu’en même temps, cela ne va pas si fort. Et apprendre à faire autrement pour aller mieux est un parcours difficile à faire tout seul. Se faire accompagner par un thérapeute spécialisé, c’est gagner beaucoup en énergie et en temps pour des résultats bien plus rapides et pérennes.
Trouvez un psychiatre pour gérer la partie médicamenteuse si elle est nécessaire est un incontournable pour beaucoup de personnes souffrant de leur TDAH. Prenez-le temps de choisir un psychiatre avec lequel vous formez une équipe au service de votre santé. Trouvez le bon dosage exige de la confiance réciproque et de la communication.
Les thérapies comportementales sont très opérationnelles et vont permettre de mieux s’organiser grâce à des outils de planification, de prises de notes, de listes et de travailler sur la motivation et la impulsivité. Les thérapies TCC (conitivo-comportemenales) servent à identifier les schémas de pensées, les ruminations négatives et les comportements dysfonctionnels qui en résultent. Les TCC sont reconnues pour leur efficacité.
Personnellement je reste convaincue que la psychothérapie humaniste apporte beaucoup également.
L’approche est centrée sur :
- L’accueil par le care de la personne : écoute, attention, soutien, réelle bienveillance
- L’amélioration rapide de son présent et l’ouverture sur un futur amélioré
- La psychoéducation dont elle a besoin pour se comprendre et accepter que les autres fonctionnent autrement,
- Le recours à des techniques variées et ludiques (vive les outils de la PNL) pour qu’elle adhère à de nouveaux comportements et reste motivée dans ce chemin permanent,
- La partie psychothérapie pour l’aider à trouver sa place et construire son identité
- Le choix de l’empowerment : apprendre à la personne à croire en elle pour agir en autonomie
Mon conseil de psy
Une phase de «papillon» pour sélectionner et bien choisir son thérapeute est bienvenue. S’interroger sur ses formations passées et actuelles, sur ses réseaux de partenaires, expérimenter une ou deux séances, évaluer si elles ont eu ou pas un effet constructif et vérifier que la relation est bien aidante, bienveillante, efficace. Ensuite, il s’agit de se mobiliser autant que possible dans sa thérapie et de faire confiance au professionnel à votre service et au processus thérapeutique. Car… cela marche !
Phase 4 : faire reconnaitre son handicap dans l’entreprise ou au moins bénéficier d’aménagements
En entreprise, le rôle du médecin du travail, de la référente handicap et de la RH sont essentiels. Merci aux RH qui œuvrent pour sensibiliser, informer, former leur personnel, y compris la direction. Merci aux chefs d’entreprise qui impulsent le choix de la diversité et du management inclusif. De nombreuses solutions simples existent aujourd’hui pour aider les personnes avec TDAH : les agendas électroniques ont des alarmes, on assiste à un retour des comptes-rendus de réunion grâce à l’IA, ce qui permet à chacun de savoir ce qu’il a à faire et pour quand, les correcteurs d’orthographe sont utilisés par tous aujourd’hui. Les RH et managers formés feront attention aux temps de réunion pour éviter que les personnes hyperactives montent en tension, des places seront réservées près de la porte pour les plus impulsifs...
Quelque soit la situation, la personne concernée peut communiquer auprès de ses collègues pour qu’ensemble ils mettent en place des fonctionnements gagnant-gagnant. D’ailleurs elle n’est pas obligée d’expliquer qu’elle a un TDAH, simplement faire connaitre ses besoins.
Par exemple si elle a de grosses difficultés d’arriver à l’heure le matin, il est possible qu’elle soit bien plus à l’heure si son horaire d’arrivée est simplement décalée d’une heure. Et cela peut arranger une collègue qui préfère arriver plus tôt. Et elle sera très opérationnelle le soir quand les autres eux ne le sont plus ou sont partis.
Autre exemple courant : son habitude de travailler sous pression à la dernière minute déclenche une créativité qui lui permettra d’optimiser des outils de travail palliant à la perte de temps initiale.
Autre exemple : par ses multiples questions, elle creuse les sujets. Explorer avec elle toutes les questions possible lors de la sortie d’un nouveau produit permettra de construire un argumentaire de ventes extrêmement performant.
Se faciliter la vie
Bien souvent les adultes avec TDAHJ se sentent submergé par les tâches quotidiennes. Le recours à une personne pour aider aux démarches administratives est aujourd’hui possible. S’offrir les services d’une femme de ménage peut alléger considérablement la charge mentale du quotidien à gérer.
Le diagnostic est l’élément de départ pour faire une démarche auprès de l’organisme MDPH, lui-même seul décideur des droits d’aménagements et financiers en faveur de la personne.
Ensuite… : très souvent, dans notre vie personnelle, il nous faudra des accompagnants sur le chemin de l’acceptation pour oser utiliser nos droits et s’autoriser à changer. Ce sont nos thérapeutes mais aussi… des pair-aidants, nos amis et nos familles. Le soutien est nécessaire.
Trouver son mentor parmi un réseau de pair-aidants
Pour ma part, sur la partie TDAH, la personne qui m’aide le plus au quotidien est… une amie concernée. Je lui suis extrêmement reconnaissante car sans elle je n’aurai pas fait tout ce chemin vers moi-même et je ne serai pas en capacité d’accueillir dans mon cabinet des personnes neuroatypiques. Le chemin de la pair-aidance est extrêmement utile pour savoir quoi faire , construire son mieux-être et… aider les autres !
Un exemple très récent :
Elle m’informe que j’ai la possibilité de tarif gratuit dans les musées puisque j’ai une RQTH (reconnaissance de travailleur en situation de handicap). Même en le sachant, je ne l’aurai jamais utilisé. A l’occasion d’une sortie ensemble, elle m’a demandé d’apporter mon justificatif. Nous l’avons montré à l’accueil du musée et nous sommes entrés directement. Il faut savoir qu’attendre est très difficile pour les personnes avec un TDAH. Du coup, il est fréquent qu’elles se privent des activités où il faut faire la queue. Cette amie m’a montré mes droits, m’a aidée à oser les faire valoir et m’a ouvert le champ de nouvelles possibilités. Une semaine après j’ai pu entrer visiter le Château de Versailles sans patienter une heure…
L’idée n’est bien sur pas d’abuser d’un droit mais de savoir qu’il existe pour nous et d’autres et peu nous faciliter la vie plutôt que se priver ou d’angoisser à l’idée de participer à certains événements !
De nombreux groupes se retrouvent sur Facebook et ils permettent des premiers partages d’information. Entrer en contact avec des groupes de parole ne serait-ce que ponctuellement permet de rencontrer d’autres personnes fonctionnant plus ou moins comme nous, de découvrir mille et une astuces pour accepter nos différences, apprendre à les gérer, se plaindre et en rire, trouver de nouvelles solutions et… aider à notre tour Monsieur et Madame tout le Monde qui semble vivre des difficultés proches ou semblables. C’est cela l’inclusion.
En conclusion
Le diagnostic du TDAH à l’âge adulte ouvre sur des droits, de nouvelles compétences, le renforcement de la confiance en soi et la possibilité, accompagné – si on le souhaite - par des professionnels formés, de se construire pour les prochaines décennies une vie plus douce, aussi bien en entreprise que dans son quotidien.
Le chemin du diagnostic et de son après ouvre sur un parcours vers soi et vers son potentiel riche et créatif de personne adulte avec un TDAH, un chemin passionnant !